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les nouvelles de la maladie [de] son nepveu le duc Pierres, et se partit de Paris, et s'en vint à Orleans et y arriva la vigile de Pasques Flouries1.

CHAPITRE LXXXVIII.

Comment monseigneur le connestable, avant que le duc Pierres mourut, fist prendre aucuns des gens du duc.

L'an mil CCCC cincquante six2, se partit monseigneur le connestable d'Orleans3, le lundi de la Sepmaine Saincte et s'en vint à Tours; et là sceut que madame sa compaigne estoit fort malade, et, malgré tout son Conseil, laissa à tirer devers le duc Pierres, qui aussi estoit fort malade*, et tira à Partenay devers madame et y arriva le Vendredi Saint; et y fut longuement pour la maladie de ma dicte dame. Puis s'en vint à Nantes devers son

Viriville lui attribue sur les Parisiens. (Hist. de Charles VII, III, 358, 359; D. Félibien, II, 842, 843.)

1. Le 9 avril 1457.

2. Richemont, dont nous avons signalé la présence à Paris dès le mois de juin 1456 (cf. ci-dessus p. 221, note 2), y passa vraisemblablement une grande partie de l'hiver suivant, et ne quitta cette ville qu'au commencement d'avril 1457 pour se rendre à Orléans où il arriva le 9 de ce mois, veille des Rameaux (Pàques fut en 1457 le 17 avril). Il faut donc lire dans notre texte « l'an mil CCCC cinquante sept », nouveau style.

3. « D'Orléans » fait défaut dans S, fol. 116 ro, B, fol. 57 ro, et C, fol. 117 r.

4. Sic dans N, fol. 63 r, S, fol. 116 r, et dans C, fol. 117 r, ligne 3; B, fol. 57 ro, présente une légère lacune: « L'an mil quatre cens cinquante six, mon dict seigneur se partit le lundy de la Sepmaine Saincte et s'en vint à Tours, et là sceut que madame sa compagne estoit fort malade et tira à Partenay. » Le Lundi Saint fut en 1457 le 11 avril.

nepveu, et admena quant et luy madame, et y fut longuement jusques au decès de son dit nepveu. Et cependant, deux jours avant la mort de son dit nepveu, fist prendre Henry de Villeblanche, missire Michel de Partenay, Bogier et Coethlogon, pour ce que tousjours avoit sa suspeczon que missire Henry eut esté coulpable de la mort de monseigneur Gilles son nepveu, et cuidoit attaindre la chose; et pour ceste cause les avoit fait prendre, pour en cuider scavoir la verité.

Le duc Pierres, son dit nepveu, trespassa le jeudi XXII° jour de septembre l'an [mil quatre cens LVII]1, et est enterré à Notre Dame de Nantes 2.

CHAPITRE LXXXIX.

De l'entrée et feste du duc Artur à Rennes3.

Le XXIX® jour du moys d'octobre, l'an mil CCCC cin

1. N, fol. 63 ro, met ici « l'an que dessus », c'est-à-dire 1456 (cf. le début du chapitre LXXXVIII); pour plus de clarté, nous restituons la vraie date d'après la Compilation de Le Baud. (L, fol. 370 vo, col. 2; cf. dans l'Introduction le chapitre consacré à l'Établissement du texte de la chronique.) S, fol. 116 v° : « Le duc Pierres son dict nepveu trespassa le jeudy vingt deuxiesme jour de septembre l'an dessus dit» [1456]. B, fol. 57 r° : « Le dict Pierre son dict nepveu trespassa le jeudy vingt deuxiesme de septembre l'an mil quatre cens cinquante six. » C, fol. 117 r° : « Le dict Pierre son dict neveu trespassa le jeudi xxi jour de septembre l'an mil IIII LVI. »

2. Le lieu de la sépulture n'est indiqué ni dans les autres mss., ni dans l'édition de Th. Godefroy. (Édit. 1722, p. 154; Buchon, p. 404, col. 1.)

3. Il y a ici dans N, fol. 63 v°, une place blanche pour une miniature qui n'a pas été exécutée.

quante [sept]', se partit monseigneur le connestable de Nantes, pour aller à Rennes faire son entrée et feste; et là fist sa feste de Toussains; et y avoit belle compaignie de seigneurs, barons, chevaliers et escuiers, entre lesquelz estoient monseigneur d'Estempes, monseigneur de Marle2, monseigneur de Laval, monseigneur de Rohan, monseigneur Jaques de Saint Paoul, monseigneur du Guavre, monseigneur de la Roche, monseigneur de Guemené, monseigneur de Malestroit, monseigneur de Derval, monseigneur de Quintin, monseigneur de la Hunaudoye, monseigneur de Coesquen, monseigneur du Pont, monseigneur l'admiral et tous les autres seigneurs, s'ilz n'estoient mors ou malades ou enfans.

Et, bientost après, s'en vint à Nantes faire son entrée et y fut jusques après la feste des Roys. Puis le Roy lui fist scavoir qu'il allast devers luy à Tours bien acompaigné tant d'evesques que d'autres seigneurs de son païs chevaliers et escuiers, pour la cause d'une grande embassade du Roy de Hongrie, qui estoient venuz devers luy, pour le mariage de madame Magda

1. On lit dans N, fol. 63 vo : « L'an mil CCCC cinquante six; » nous corrigeons sur l'autorité de Le Baud. (L, fol. 391 r, col. 1; cf. dans l'Introduction le chapitre relatif à l'Établissement du texte de la chronique.) S, fol. 116 v° : « Comment monseigneur le connestable alla à Rennes faire son entrée quant il fut faict duc. Le vingt neufiesme jour du moys d'octobre, l'an mil quatre cens cinquante et six, se partit monseigneur le connestable de Nantes, pour aller à Rennes faire son entrée et feste. » B, fol. 58 r: « Puys se partit de Nantes, pour aller à Renes faire entrée et feste le xxixe jour d'octobre l'an dessus dict. » C, fol. 117 r : « Puix se partit de Nantes, pour aller à Rennes faire entrée et feste, le xxixe jour d'octobre, l'an dessus dict. >>

2. « De Maillé » dans S, fol. 116 v°; C, fol. 117 r°; B, fol. 57 v°.

lene sa fille. Et, cependant qu'ilz estoient à Tours, vindrent les nouvelles que le Roy de Hongrie estoit mort ; et ne mena pas tant de gens comme il eust [pu]; nonobstant, il y alla bien acompaigné, et fut l'an mil IIII L sept1. Et passa par Angiers où il fut bien receu, et y fut huyt jours; car il fut malade de colerique passion; et puis tira son chemin à Tours. Et arriva devers le Roy au dit lieu de Tours; et vindrent au devant de lui tous les seigneurs et gens du Roy; et vint descendre au logeis du Roy. Et faisoit porter devant luy deux espées à Philipes de Malestroit, son escuier d'escurie, l'une à cause de la duché de Bretaigne, l'autre à cause de l'office de connestable; et eut bonne chiere de tout le monde, et y fut bien environ ung moys.

Puis voult s'en revenir en son païs, et offrit au Roy faire telle redevance qu'il demande à cause de la duché de Bretaigne. Et lui fut dit que le landemain, qui estoit dymenche, il seroit receu, et y vint cuidant estre receu. Et quant il fut venu, le Roy et ceulx de son Conseil vouloient qu'il feist hommage lige à cause de la duché; et mon dit seigneur respondit qu'il n'en feroit rien.

1. Cette date manque dans S, fol. 117 ro, C, fol. 117 v°, et B, fol. 58 ro, mais devait se trouver dans T, puisqu'on la voit dans l'édition de Th. Godefroy. (Édit. de 1622, p. 155; Buchon, 404, col. 1.) L'ambassade hongroise parvint au commencement de décembre à Tours et fut admise en présence du Roi le 18; la veille de Noël, un messager annonça la mort du Roi de Hongrie, pour lequel les ambassadeurs venaient solliciter la main de Madeleine de France. Le duc de Bretagne, ignorant sans doute cet événement, arriva néanmoins à la Cour dans le courant de janvier 1458. (Continuation de la chronique de Berry, dans l'édition de D. Godefroy, p. 477; Hist. de Charles VII, par Vallet de Viriville, III, 401 et 404; D. Morice, Preuves, II, 1724.)

Et pour ce qu'il n'estoit pas le plus fort dissimula et dist qu'il ne le feroit pas tant qu'il eût parlé aux Estaz de son païs; et sur ces termes s'en vint en son païs de Bretaigne. Et vous certifie que jamais ne fust retourné devers le Roy, ne ne lui eut fait nulle redevance, si n'eut esté pour sauver la vie à monseigneur d'Alenczon, son nepveu, qu'il alla à Vandosme, et là fist la redevance au Roy telle que ses predecesseurs avoient fait, et non aultrement1; lequel lui tint, et paravant avoit tenu plus estranges termes que à nul de ses predecesseurs. Et me semble que c'estoit mal recongneu les grans, bons et loyaulx services, qu'il avoit fait à luy et au Royaume; car oncques bien ne lui fist.

1. Le Conseil qui devait juger le duc Jean d'Alençon, d'abord convoqué à Montargis, fut, à cause d'une épidémie qui sévissait dans cette ville, transféré à Vendôme. Arthur refusa d'abord de se rendre au mandement du Roi qui le citait en qualité de pair. (D. Morice, Preuves, II, 1729; Continuation de la chronique de Berry, dans D. Godefroy, p. 478.) Il ne figure pas en effet dans la liste des hauts dignitaires présents au Conseil lors de l'ouverture des débats, le 26 août 1458 le comte de Dunois occupait, aux pieds du Roi, à droite, la place destinée au connétable de France. (Cf. une liste des membres du conseil tenu à Vendôme, à la Bibl. nat., dans le ms. fr. 5738, fol. 17 ro, à la bibliothèque SainteGeneviève, dans le ms. fr. L2, fol. 131 v.) Richemont se rendit cependant à Vendôme, un peu plus tard, et, lorsque le 10 octobre fut prononcé le jugement condamnant à mort le duc d'Alençon, il implora en faveur du coupable la clémence de Charles VII, qui commua la peine; Jean d'Alençon, retenu prisonnier, vit presque tous ses biens confisqués. (Chronique de Mathieu d'Escouchy, II, 359; cf. l'arrêt prononcé contre le duc d'Alençon, à la Bibl. nat., ms. fr. 2718, fol. 190 et s.) Le 14 octobre suivant, Arthur III faisait hommage au Roi pour son duché « en la maniere accoutumée ». (Cet acte d'hommage est publié dans les Preuves de D. Morice, II, 1732; il y en a des originaux aux archives de la Loire-Inférieure, E 91, et aux Archives nationales, J 245, no 107.)

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