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En 1911, Panama avait 46.555 habitants et Colon 19947 ; mais cette dernière ville, bâtie en plein marais, était plus difficile à assainir que Panama.

Comme on le voit par le tableau ci-dessous, on a lutté énergiquement contre les moustiques :

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Dans la division de Panama, nous n'avons pas la surface de mares pétrolées; mais nous trouvons qu'en 1911, on a employé 4.200 gallons de pétrole brut et 8.522 gallons de larvacide (voir plus loin). Dans la ville même, on a inspecté 1.044 maisons, fait nettoyer 2.254 cours, démoli 80 bâtiments défectueux et autorisé 210 constructions nouvelles, etc.; la brigade de désinfection a opéré sur 126 maisons (918 chambres), et on a tué 14.956 rats. A Colon, on a sait nettoyer 1.520 immeubles, réparer la plomberie à 1.052, remanier 321 bâtiments et autorisé 171 constructions nouvelles.

VI. DIVISION DE L'INSPECTION SANITAIRE DE LA ZONE DU CANAL. Cette division, la plus importante pour les travaux en cours, s'étend à environ 100 milles carrés et contenait 90.434 personnes en 1911. Le Service est dirigé par M. Le Prince (qui a déjà opéré à Cuba), avec 26 Inspecteurs, 2 Inspecteurs divisionnaires, 1 adjoint, 1 entomologiste, 18 contremaîtres et 226 ouvriers. Les résidences des

Ann. des P. et Ch. MÉMOIRES, 1914-I.

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Inspecteurs sont aux principaux chantiers, savoir: Balboa, Ancon, Corozal, Miraflorès, Pedro-Miguel, Paraiso, Culebra, Empire, Las Cascadas, Bas Obispo, Matachin, Gorgona, San Pablo, Tabernilla, Mitchelville, Gatun, Porto Bello, ce qui fait 17 districts sanitaires.

Les Inspecteurs ont en mains un livre d'instructions très complètes sur les méthodes de visites, les règles de construction des maisons et des grillages à leurs ouvertures, la disposition des cabinets et des fosses, la désinfection et la fumigation, etc. Ils ont ainsi, en 1911, visité 16.867 maisons, désinfecté 239 d'entre elles, employé 646.779 gallons d'huile brute et 123.155 gallons de larvacide, détruit 9.658 rats (au moyen de 413 pièges placés quotidiennement). Dans le premier semestre seul de 1912, ils disent avoir détruit dans les maisons 117.630 anophélines adultes et 77.992 culicines adultes! Pendant le même semestre, ils ont puni 159 personnes pour violation des prescriptions hygiéniques.

Toutefois, dans la zone du Canal ce n'est pas le service sanitaire qui coupe les herbes et les broussailles, qui répare les grillages aux bâtiments ou qui enlève les ordures ménagères : il requiert pour ces besognes le service du quartier-maître qui en est chargé. Le drainage des terrains marécageux (ouverture et entretien de fossés) est fait par le service de la construction que les Inspecteurs sanitaires requièrent toutes les fois qu'ils le jugent utile. C'est ainsi que les trois divisions de la construction ont exécuté, pendant les douze mois du 1er juillet 1911 au 1er juillet 1912, les travaux ci-après :

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Comme on l'a

DÉPENSES FAITES PAR LE SERVICE SANITAIRE. vu, le « Sanitary Départment » se charge d'un grand nombre de services: soins aux malades, hôpitaux et dispensaires, quarantaines, nettoyage des rues, drainages, ordures ménagères, cimetières, enterrements, traitements des ministres du culte, etc. Aussi, en y comprenant ce qu'il rembourse au service de construction, n'évaluet-on les dépenses qu'il fait pour la salubrité proprement dite qu'au quart de ses dépenses totales, et le Colonel Gorgas fixe ainsi à 365.000 dollars par an le montant des sommes dépensées en moyenne pour la << Sanitation ». Cela fait pour les 150.000 habitants de la zone environ 1 cent par tête et par an, et pour les dix années de travail des Américains une proportion de 1 % des dépenses de construction du Canal. Les soins aux ouvriers et employés malades et à leurs familles auront coûté à peu près deux fois et demi plus.

MESURES SANITAIRES PROPREMENT DITES

Le Service américain subdivise son œuvre en cinq parties, qui sont par ordre d'ampleur des travaux : lutte contre la malaria, lutte contre la fièvre jaune, défense contre la peste, lutte contre la fièvre typhoïde et la dysenterie, mesures diverses. Je suivrai le même ordre (én réunissant l'alimentation en eau et les égouts au paragraphe de la fièvre typhoïde et dysenterie).

1o Lutte contre le paludisme ou malaria.

Comme on l'a vu ci-dessus, si cette maladie a une très faible mortalité, elle a une morbidité très élevée et frappe presque tout le monde à Panama, ce qui conduit à une très forte proportion d'hospitalisés et, par suite, à de grosses dépenses. Comme, en outre, elle règne sur une très grande partie du globe (entre le 60o de latitude Nord et le 40o de latitude Sud, car il faut au moins 15° pour le développement du parasite dans le moustique), soit durant toute l'année pour les pays tropicaux, soit seulement pendant la saison chaude pour les pays tempérés (1), il est très important que les Ingénieurs sachent l'éliminer autant que possible des chantiers.

(1) L'Algérie, la Tunisie et le Maroc sont dans ce cas.

ETIOLOGIE.

La malaria est une maladie parasitaire produite, par la pullulation dans le sang humain de sporozoaires (hématozoaires ou plasmodies), qui font dans ce sang leur évolution asexuée (schizogonie), tandis qu'ils font leur évolution sexuée (sporogonie) dans le corps de certains moustiques, de la classe des Anophélines principalement l'homme est donc l'hôte temporaire du parasite, alors que le moustique en est l'hôte définitif. Cette évolution est figurée ci-contre (fig. 2).

Il résulte de là que la maladie n'est pas contagieuse directement d'homme à homme (il faudrait pour la transmission directe inoculer du sang infecté dans les vaisseaux de l'homme sain), mais qu'elle l'est indirectement par l'intermédiaire des Anophélines. Les femelles de ces invertébrés, ayant besoin, pour la réussite de leurs œufs, d'absorber le sang d'un vertébré, piquent l'homme et s'il est paludéen sucent avec son sang les hématozoaires; ceux-ci, après s'être multipliés dans le corps du moustique, infectent ses organes et notamment les glandes salivaires et l'estomac de leurs corps reproducteurs (sporozoïtes), et quand l'anophéline pique à nouveau, et cette fois un homme sain, ce dernier se trouve inoculé par le déversement simultané dans la piqûre du contenu des glandes salivaires et des diverticules œsophagiens.

La dissémination de la maladie dans un pays dépend donc de deux facteurs : la présence d'hommes déjà paludéens, qui deviennent les sources ou réservoirs de virus où les moustiques puisent les germes parasitaires; l'existence et la multiplication des anophélines eux-mêmes, qui se font les vecteurs des parasites et en infectent les hommes sains. On conçoit, dès lors, pourquoi la marche et l'extension de la malaria sont sous la dépendance directe de la pullulation des anophélines, et pourquoi toute la prophylaxie consiste presque dans la suppression de ces moustiques : aussi est-il indispensable de. connaître les mœurs et le mode de reproduction de ces êtres.

L'attitude et les transformations des anophélines et des culicines (ces derniers propagent la fièvre jaune) sont représentées par la figure 3, qui permet de les différencier. Les adultes sont des animaux nocturnes qui voltigent et piquent depuis un peu avant le coucher du soleil jusqu'au matin (cependant quelques-uns, sans doute des

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Fig. 2 Evolution du parasite du paludisme (d'après M. Sergent).

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