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PORTS MARITIMES DE LA CÔTE ATLANTIQUE

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de 9o,14 sous basse mer moyenne, est situé au Nord du « Main Ship Channel », près du banc de « Bird Island ».

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Les mouillages obtenus dans les chenaux et ancrages de Boston répondent largement aux besoins actuels et l'amplitude de la marée, notablement plus forte que dans les ports précédemment considérés, y donne aux mouvements des grands navires des facilités considérables.

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Le port ou havre de Montréal est situé sur le Saint-Laurent, à 1.640 kilomètres du détroit de Belle-Isle et à 257 kilomètres en amont de Québec. La navigation trouve dans le Saint-Laurent des profondeurs très supérieures à ses besoins jusqu'à 100 kilomètres environ au-dessous de Québec. L'amplitude de la marée, après avoir cru dans l'estuaire et dans la partie libre du fleuve, atteint dans ces parages son maximum, voisin de 4 en vive eau, puis elle diminue jusqu'à s'annuler à Trois-Rivières, à 132 kilomètres en aval de Montréal, en raison des obstacles que l'encombrement dụ lit oppose à la propagation de l'onde.

La navigation ne trouvait originairement, entre Québec et Montréal, que des profondeurs de 3m,20 en certains points du cours d'eau, notamment à la traversée du Lac Saint-Pierre qu'encombrent les alluvions venues de l'amont. Les travaux d'approfondissement, commencés dès 1841 par le Département des Travaux publics, puis suspendus en raison des difficultés rencontrées, furent repris en 1851 par les soins des Commissaires du port de Montréal qui amenèrent progressivement la profondeur à 8,38 (27′5) au-dessous de l'étiage en 1888. A cette époque, le Gouvernement canadien reprit la direction des travaux en se chargeant de la dette contractée par les Commissaires du port de Montréal et en supprimant le droit de tonnage qu'ils percevaient pour y faire face. De 1889 à 1904, les travaux furent dirigés par le Ministère des Travaux publics, qui fût ensuite remplacé par le Ministère de la Marine et des Pêcheries. Celui-ci reste aujourd'hui chargé du grand chenal de navigation; mais, par une de ces bizarreries administratives dont le Vieux Monde

Ann. des P. et Ch. MÉMOIRES, 1914-II.

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n'a pas le monopole, le Ministère des Travaux publics continue à s'occuper de la gestion du surplus du lit du fleuve et de ses berges.

La profondeur du chenal est aujourd'hui de 9m,15 (30′) au-dessous des plus basses eaux connues (celles de 1897) dans la partie du fleuve non sujette à la marée. La largeur du chenal est de 137m,20 (450) en alignements droits, de 152m (500) à 244m (800') dans les courbes.

Dans la partie du chcnal située en aval de la limite de propagation de la marée, on trouve dès à présent, en utilisant cette dernière, la profondeur de 9m,15 et on ne tardera pas à réaliser complètement le programme d'amélioration adopté en 1906 qui comporte la réalisation de cette profondeur au-dessous des plus basses mers, avec une largeur de 305 au plafond en aval de Québec.

La longueur totale sur laquelle devaient, aux termes du programme, s'étendre les dragages était de 110 kilomètres environ; les dragages restant à achever en 1912 intéressaient moins de 8 kilomètres.

Aussi attaque-t-on dès maintenant un nouveau programme d'amélioration visant la profondeur minima de 10m,67 (35′), sans modification des largeurs du tracé aménagées pour la profondeur de 9m,15. Les dragages correspondant intéresseront une longueur de 132 kilomètres répartis sur la longueur totale du chenal dit de grande navigation, qui est de 350 kilomètres environ, tant entre Québec et Montréal qu'en aval de Québec sur les bancs de Beaujeu et les battures de Saint-Thomas, où les profondeurs naturelles ne répondent plus aux exigences nouvelles de la navigation : le travail était achevé en 1912 sur 12 kilomètres.

Le cube total des dragages effectués depuis 1851 jusqu'au 31 mars 1912 s'est élevé à 60.000.000 mètres cubes environ, les déblais. variant du roc dur schisteux à l'argile molle bleuâtre. Les dépenses correspondantes se sont élevées en chiffres ronds à 72.500.000 fr.:

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Le succès obtenu a été complet; les circonstances locales sont d'ailleurs très favorables. Le Saint-Laurent n'a pour ainsi dire pas de débit solide; les matières alluvionnaires provenant des régions d'amont se déposent pour la plupart dans les Grands Lacs, qui jouent le rôle de bassins de clarification. Ils servent également de régulateurs du débit liquide et évitent au Saint-Laurent les grandes fluctuations du niveau des eaux, qui ne se produisent qu'en cas d'embâcles de glaces. Le fond et les berges du fleuve sont résistants et assurent la permanence des formes du lit et les profondeurs une fois réalisées par dragage se maintiennent sans entretien, sauf dans quelques rares parties où se produisent des dépôts sablonneux. On a d'ailleurs soin de conserver les sections d'écoulement reconnues favorables, en déposant les déblais en remblais dans un même profil en travers, et le Gouvernement canadien veille attentivement à ce qu'aucun détournement des eaux affluant au SaintLaurent ne vienne en réduire le débit (1).

On procède chaque année à une vérification détaillée des fonds au moyen de deux appareils à sonde horizontale consistant chacun en un bateau à vapeur poussant un chaland dans lequel son avant s'emboîte et au-dessous duquel est suspendu à la cote voulue un rouleau d'acier de 12,19 de long et de 0,305 de diamètre. Des passes successives permettent de balayer ainsi toute l'étendue du chenal à sonder.

Les dragages du chenal de grande navigation du Saint-Laurent sont poursuivis en régie jusqu'à concurrence de 4 à 5 millions de mètres cubes par an, à des prix moyens variant de 0 fr. 50 à 0 fr. 60 par mètre cube, au moyen d'engins variés, savoir: six dragues à godets avec coque en bois ou coque en acier, disposées de manière à extraire des fonds mous (argile vaseuse) ou durs (tuf ou schiste) jusqu'à 13 ou 14m de profondeur, deux dragues à cuiller (dipper

(1) Le déversement d'une partie du lac Huron vers le Mississipi par le canal de drainage de Chicago a donné lieu de la part du Gouvernement du Dominion à une protestation qui fait actuellement l'objet de négociations entre les EtatsUnis et le Canada.

La puissante << Lake Carriers Association », qui groupe aux Etats-Unis les transporteurs par eau de la région des Lacs, a joint son effort à celui du gouvernement du Dominion.

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dredge) capables de draguer à 15 mètres, une drague aspiratrice avec désagrégateur et dispositif de refoulement (drague J. IsraelTarte), capable de draguer à 14m de profondeur et de refouler à 610m par conduite flottante, deux dragues aspiratrices porteuses dont l'une, du type hollandais, est appropriée au dragage des fonds sablonneux, et dont l'autre, la drague Beaujeu, destinée à travailler en aval de Québec dans des fonds d'argile compacte qu'attaque son désagrégateur, est capable de draguer à 20m de profondeur et réalise une vitesse de 9 nœuds avec son puits de 1.520m3 de capacité rempli de déblais. Ces onze dragues sont complétées par deux dérocheuses Lobnitz et par toute une flottille de remorqueurs et de chalands.

Les équipages des dragues, remorqueurs, chalands sont composés presque exclusivement de Canadiens français, nés et élevés sur les bords du Saint-Laurent, dont l'habileté et l'endurance sont remarquables. Ils travaillent pendant sept mois de l'année, par double équipe, à raison de 132 heures de travail par semaine, depuis le dimanche minuit jusqu'au samedi midi, sans interruption pour les repas.

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Une des particularités remarquables du matériel du Saint-Laurent est la place qu'y tiennent les dragues à godets dont l'usage a été jusqu'à présent exceptionnel aux Etats-Unis. Elles y ont rendu de très bons services, notamment dans les terrains durs et irréguliers tels que les schistes mêlés de gros blocs du Cap à La Roche. La vivacité des courants rendait impraticable en ce point le dérochement par perforatrices. Les dragues à cuiller, aptes à l'enlèvement de grosses masses, y réalisaient mal un plafond régulier on les a, dès lors, employées uniquement à déchirer la roche à la cote voulue, puis on a recouru aux dragues à godets pour ramasser les débris rocheux et régler le plafond. Dans les parties rocheuses les plus dures, on procède depuis 1910 à un pilonnage préalable, au moyen de dérocheuses munies de pilons de 20 tonnes, et on enlève au moyen de dragues à godets les roches brisées. Les godets employés sont en acier moulé; leur capacité maxima est de 570 litres. Les dragues et dérocheuses sont amarrées à des organeaux scellés sur le fond.

Les dragues à cuiller sont munies chacune d'un jeu de cuillers

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