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Égouts: évacuation des eaux usées. Le même tableau donne aussi le développement des réseaux d'égouts sanitaires: ce sont des tuyaux de grès vitrifié, de diamètres variant entre 6 et 24 pouces, et ils se déversent sans épuration en mer ou dans les rivières.

Il n'existe d'égouts pluviaux (storm sewers) qu'à Panama sur une longueur de 2,096 pieds, et à Colon dans la rue D entre Brach road au Nord et Folks river au Sud: ces égouts sont en béton et visitables. Les 2 figures, page 112 bis, montrent la rue D de Colon avant et pendant la construction de cet égout.

On

Ordures ménagères et fumiers: lutte contre les mouches. sait que les mouches, qui vont pondre ou se poser sur toutes les ordures, peuvent apporter à l'homme les germes des maladies qui nous occupent: il faudrait donc supprimer les gadoues et les fumiers ou du moins les rendre inaccessibles aux mouches. On a vu plus haut que les ordures ménagères doivent être recueillies dans des boîtes fermées, d'où elles sont prises tous les jours pour être incinérées (ou enfouies dans le sol). Les fumiers sont aussi incinérés, aucun procédé chimique n'ayant paru convenable pour en écarter les mouches: l'incinération se fait sur des grilles de locomotives surmontées d'un coffrage grossier, et une grille de 6 pieds sur 4 peut ainsi brûler 2 wagons de fumier par jour, à condition d'y ajouter un peu de bois ou de pétrole brut. Enfin les fosses fixes des cabinets doivent être étanches, et pour en écarter les mouches, on y ajoute du pétrole brut au moins tous les dix jours.

5° Mesures diverses.

Il reste encore à tirer de bons enseignements de quelques études des médecins de l'Isthme sur les maladies ci-après:

a) PNEUMONIE. Comme on l'a vu au début de cette étude, la pneumonie reste une grande cause de mort parmi les ouvriers du Canal. On savait déjà que la malaria favorise la pneumonie; mais est-ce la seule cause prédisposante ici, et ne faut-il pas y ajouter le travail en sueur sous un climat chaud et humide (d'où facilité de refroidissement)? C'est un point qui n'est pas fixé et qui mériterait

Ann. des P. et Ch. MÉMOIRES, 1914-I.

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des recherches: il y aurait évidemment des mesures à prendre dans les chantiers pour éviter les refroidissements, mais lesquelles?

Le Dr Deeks nous apprend que la mortalité la plus grande se fait sentir chez les indigènes colorés et ceux des Antilles (52 et 58% des cas chez les Panaméniens et les Colombiens sont mortels), tandis que la maladie est bien moins meurtrière chez les blancs de toute provenance (20% seulement). On ne sait pourquoi. L'âge joue un rôle bien connu au-dessous de 30 ans, mortalité de 33,2%; de 30 à 40 ans, 37,6%, et au-dessus de 40 ans, 50,4%.

Aux autopsies, on a trouvé que 61% des morts par pneumonie avaient une sinusite plus ancienne que la pneumococcie, en sorte que les sinus paraissent bien être la porte d'entrée. La leucocytose, ou accroissement considérable du nombre des globules blancs dans le sang est habituelle dans la pneumonie: chose curieuse, on ne trouve que rarement dans ces cas l'hématozoaire du paludisme, cela tient sans doute à ce que les globules blancs le détruisent; aussi, la leucocytose étant un processus de défense, la quinine qui lui est contraire est-elle contre-indiquée dans la pneumonie.

b) ANKYLOSTOMIASE OU UNCINARIASE.

Deeks nous apprend

encore que sur 100 décès pneumoniques, on a trouvé l'uncinaria 20 fois, ce qui nous donne une idée de la fréquence de l'anémie des mineurs dans l'Isthme (où on l'a, souvent prise pour de l'anémie tropicale). Ici le parasite est le necator americanus, qui est plus petit (7 à 9mm le mâle, et 9 à 11 mm la femelle, sur 0mm,3 à 0mm 4 de large), mais a des œufs plus gros (75 p. sur 40) qu'ankylostoma duodenale d'Europe.

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Les Ingénieurs doivent connaître aujourd'hui l'importance de ces vers parasites pour la santé des travailleurs des mines, tunnels, tranchées, etc.: les œufs, excrétés avec les matières fécales des porteurs de ver, se disséminent dans la terre, la boue et l'eau, et envahissent les individus sains, soit par la peau, soit avec l'eau de boisson. Pour la prophylaxie, il faut éloigner tous les porteurs de ver qu'on reconnaît par la recherche au microscope des œufs dans les selles, puis éviter le mélange des matières fécales à la terre et le contact de celle-ci avec les travailleurs: toutes ces précautions,

qui sont prises aujourd'hui dans les mines bien tenues, sont de rigueur sur les grands chantiers.

Quant au traitement des ouvriers atteints, il se fait au moyen du thymol (3 ou 4 doses de 0 gr. 60 à 1gr. 50 à une heure d'intervalle et à la suite d'un purgatif), du naphtol 6 (3 doses de 1 à 2 heures d'intervalle), ou de l'essence d'eucalyptus (essence d'eucalyptus 18. 80, chloroforme 2o,7, huile de ricin 40 gr. : à prendre en 2 fois, la moitié à jeun, l'autre moitié 1/2 heure après).

c) TETANOS. Le bacille du tétanos habitant dans le sol, on pourrait croire que les grands travaux de terrassements du Canal doivent occasionner de nombreux cas de ce mal terrible (plaies souillées de terre). Il n'en est rien, puisque le Dr Hill`ne signale du 1er juillet 1904 au 1er janvier 1910 que 25 cas dans la Zone (21 décès et 4 guérisons), dont 13 seulement se rapportent à des ouvriers de l'entreprise. Il est vrai que le tétanos est plus fréquent dans la région tropicale; mais cela est dû à ce que dans cette région les nouveau-nés en sont fréquemment atteints (86 à 87% des cas relèvent du tetanus neonatorum qui a presque disparu, ainsi que le tétanos puerpéral, des pays tempérés).

Le petit nombre de cas parmi les ouvriers du Canal tient sans doute au soin avec lequel on désinfecte chaque plaie, dès qu'elle se produit: il faut retenir cette excellente pratique et l'appliquer sur tous les chantiers, surtout pour les plaies souillées de terre, vase, fumier, foin, etc. L'eau oxygénée est particulièrement recommandable pour cette aseptisation. Enfin, dans tous les cas suspects, il sera bon de recourir à une ou plusieurs injections de sérum préventif: les chevaux immunisés graduellement contre la toxine tétanique fournissent en effet un sérum très actif, qui prévient souvent l'attaque, l'atténue tout au moins d'autres fois, et en tout cas est inoffensif. Tous les grands chantiers doivent donc être présentement pourvus de ce sérum.

d) FILARIASES. La présence de filaria Bancrofti dans le sang a été reconnue accidentellement plusieurs fois, sans que les porteurs paraissent en souffrir: la maladie est très rare à Panama. On sait

que cette filaire est inoculée par les moustiques, et par conséquent la prophylaxie est la même que pour le paludisme.

Il n'est pas question de la filaire de Médine: comme la dracunculose se communique par l'eau, il est facile de s'en préserver en surveillant l'eau de boisson et en garantissant la peau des pieds et des jambes quand on traverse une rivière.

e) BILHARZIASE. Il y aurait eu 104 cas de cette « maladie d'Egypte » dans l'Isthme, de juillet 1904 à janvier 1910 (sur 30.000 examens de selles). L'infection se faisant par l'eau de boisson, qui contient les cercaires ou l'hôte intermédiaire, il est facile également de se préserver.

Cet accident arrive assez

7) SIRIASE OU COUP DE CHALEUR. souvent sur les chantiers dans les pays chauds (fièvre foudroyante): il faut le traiter incontinent. Si le sujet est un paludéen, faire une injection hypodermique de bichlorhydrate de quinine (0 gr. 50 à 0 gr. 60). Dans tous les cas, abaisser la température par les moyens les plus rapides: bain froid ou enveloppements dans un drap mouillé ; glace sur la tête et le corps; faire couler de l'eau glacée sur le malade pendant une demi-heure (on la fait tomber goutte à goutte d'un réservoir placé à 2 ou 3 mètres au-dessus). Une injection hypodermique de 0 gr. 20 de teinture de digitale est très utile. Après la réfrigération, enveloppement dans une couverture chaude, bouteilles chaudes autour du corps, stimulants. Enfin comme la mort dans le coup de chaleur se produit généralement par arrêt de la respiration, il est essentiellement recommandé de pratiquer la respiration artificielle et de persister à faire les manoeuvres pendant une demi-heure au moins.

Nancy, 5 septembre 1913.

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