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début, frisson ou simple sensation de froid, puis céphalalgie et douleur violante dans les lombes et les jambes (de là le nom ancien de coup de barre). Langue petite et pointue (elle est tuméfiée et flasque dans la malaria), peu chargée au début (liseré rouge vif), puis se recouvrant d'un enduit blanchâtre, enfin se desséchant et se fendillant alors soif intolérable. Vomissements alimentaires d'abord, puis bilieux, puis, dans la deuxième période, noirs (vomito negro) en raison du sang en partie digéré qu'ils renferment; les selles deviennent aussi noires pour la même raison (melæna). Le ventre est très douloureux. — L'urine contient de l'albumine, souvent dès le 2me jour, et la proportion en augmente toujours jusqu'à la mort, tandis qne la quantité d'urine diminue et parfois même s'annule. Vers le 3me jour, les yeux et la peau deviennent jaunes. (ictère); la peau et la bouche ont une odeur spéciale (de marché à la viande ou au poisson). Pas d'éruption caractéristique, mais un peu d'érythème du scrotum ou de la vulve. Abondantes épitaxis. dans la deuxième période.

La mortalité moyenne chez les adultes est entre 25 à 30 %, parfois plus, parfois moins suivant les épidémies; les rechutes sont possibles et très graves. La mort arrive du 4me au 8me jour, en pleine connaissance, mais souvent en hypothermie, la température tombant brusquement, dans les cas graves, à partir du 4me jour; la peau se couvre de taches livides et le malade meurt souvent dans un dernier vomissement noir. Le cadavre a la couleur jaune (légèrement verdâtre) caractéristique et les taches livides (notamment aux parties déclives). A l'autopsie, le foie a une teinte allant du jaune clair au blanc du foie d'oie; la muqueuse de l'estomac et de la premièrepartie de l'intestin présente des taches hémorragiques disséminées. L'examen microscopique montre une dégénérescence graisseuse généralisée; le système nerveux est profondément atteint (hémorragies punctiformes dans la substance blanche), etc.

THERAPEUTIQUE.

En dehors de la sérothérapie indiquée ci-dessus, on ne peut faire que de la thérapeutique symptomatique. Le premier jour, un purgatif (50 à 100 gr. d'huile de ricin, ou 1 gr. de calomel) paraît utile. Des pédiluves chauds à la moutarde

fréquemment répétés combattent la céphalalgie; des bains très chauds, suivis d'enveloppement dans une couverture, et des sinapismes sur l'épigastre lutttent contre la congestion stomacale. Contre les vomissements, ingestion de petits morceaux de glace ou petites doses de cocaïne; contre le vomito negro, doses fréquentes de perchlorure de fer, injections d'ergotine Lorsque les urines sont rares et les douleurs lombaires excessives, Sternberg recommande la pilocarpine. Le même auteur lutte contre l'hyperacidité gastrique par les alcalins: 10 gr. de bicarbonate de soude et 0 gr. 02 de bichlorure de mercure dans un litre d'eau, dont on fait absorber toutes les heures 50 grammes.

Après le 4me jour, le ralentissement de la circulation provoque l'emploi de stimulants: vin généreux ou champagne, cuillerées à café d'eau-de-vie toutes les demi-heures (pourvu que cela n'aggrave pas les vomissements) aident à franchir la période de collapsus. Le malade n'ayant pas mangé pendant la période de fièvre réclame des aliments quand elle est tombée : il faut alors la plus grande prudence et aller progressivement (commencer par quelques cuillerées de lait ou de bouillon glacé), la moindre faute diététique pouvant amener une rechute.

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PROPHYLAXIE.

Elle se comprend d'elle-même, calquée qu'elle est sur la défense contre la malaria. Comme le stegomyia ne vit qu'au voisinage des maisons, c'est surtout la surveillance des habitations et de leurs abords qui importe, et l'inspection doit en être faite par la brigade des agents moustiquiers une fois par semaine. Tout ce qui peut contenir de l'eau doit être prohibé, et si quelques récipients sont indispensables leurs orifices doivent être grillagés.

Les Américains ont si bien réussi à Panama qu'ils déclarent présentement rares les stegomyias adultes. Leurs distributions d'eau (décrites plus loin) à toutes les agglomérations les ont grandement. aidés, puisqu'elles ont permis de supprimer les tonneaux que l'on a l'habitude, dans l'Amérique centrale et méridionale, d'installer au pied des tuyaux de descente pour recevoir les eaux pluviales des toits, ainsi que les chanlattes qui, lorsqu'elles ne sont pas parfaitement dressées laissent séjourner l'eau dans certaines parties. Seules,

les maisons qui sont à plus de 300 pieds d'une conduite d'eau ont le droit de recueillir l'eau des toitures, et l'Administration fournit alors la toile métallique en cuivre (16 mailles par pouce) pour grillager le dessus du tonneau (le tonneau au lieu d'être droit peut aussi être placé sur le flanc et on dispose à la bonde un entonnoir. en bois fermé par un couvercle grillagé).

Il faut aussi appeler l'attention sur les ordures ménagères, lesquelles contiennent bon nombre de boîtes vides de conserves, pouvant former réservoirs d'eau si on les abandonnait sur le sol. C'est pourquoi on exige que chaque maison ait une caisse fermée pour recevoir les ordures (garbage can, fig. 12 et 13): le service d'enlèvement est fait régulièrement, et il existe un certain nombre de fours incinérateurs. On comprend également l'importance du pavage des rues et des cours des maisons pour la suppression de toute flaque d'eau: on sait que les Américains ont commencé par paver les rues des villes, et la figure 13 montre que le pavage a été étendu aux cours (patios) de bon nombre de maisons.

Enfin il va sans dire qu'on n'est pas dispensé, puisque la fièvre jaune sévit encore aux Antilles et dans les ports voisins de l'Isthme, de surveiller et au besoin de mettre en quarantaine et d'isoler tout individu malade ou suspect venant du dehors en raison du temps d'incubation, les suspects devraient être retenus six jours (1).

3° Défense contre la peste.

La peste n'a pas sévi dans l'Isthme; mais comme le dit le docteur Perry, dans son excellente étude de 1908, la menace de ce fléau y est constante, les ports voisins (au moment où il écrivait, Guayaquil et La Guayra, tous deux à trois jours de distance, subissaient une forte épidémie) étant souvent atteints. Les mêmes mesures de quarantaine et d'isolement à l'arrivée sont donc et seront longtemps encore nécessaires, comme il vient d'être dit pour la fièvre jaune,

(1) Comme modèle d'organisation d'un service de prophylaxie, on peut citer le décret réglementaire du 8 mars 1902 élaboré pour la ville de Rio-de-Janeiro par le docteur Oswaldo Cruz.

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