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pas faire partie de l'alliance, elle n'en sera pas moins disposée à combiner avec les puissances qui l'ont contractée, les opérations de la guerre, aussitôt qu'on lui aura fait connaître le plan de campagne et les mouvements qu'il serait possible de concerter entre les armées desdites puissances et celles de Sa Majesté.

Signé P. Gomez Labrador.

ÉPHÉMÉRIDES.

Juin 21. Retour de Napoléon à Paris. 22. Son abdication.

Instructions pour MM. les Plénipotentiaires de la commission du Gouvernement auprès des Puissances alliées. Paris, le 23 juin 1815.

L'objet de la mission de MM. les plénipotentiaires, chargés de se rendre auprès des souverains alliés, n'a plus besoin d'être développé ; il est dans leur cœur comme dans tous les cœurs français il s'agit de sauver la patrie.

Le salut de la patrie est attaché à deux questions essentielles l'indépendance nationale et l'intégralité de notre territoire.

L'indépendance nationale ne peut être complète qu'autant que les principes constitutifs de l'organisation actuelle de la France soient à l'abri de toute atteinte étrangère. L'un des principes de cette organisation est l'hérédité du trône dans la famille impériale. L'empereur ayant abdiqué, ses droits sont dévolus à son fils. Les puissances ne peuvent porter la moindre atteinte à ce principe d'hérédité, établi par nos constitutions, sans violer notre indépendance.

La question de l'intégralité du territoire de la France se lie intimement à celle de son indépendance. Si la guerre déclarée par les Puissances alliées à l'empereur Napoléon, n'était en effet déclarée qu'à lui seul, l'intégralité de notre territoire n'est point menacée. Il importe à l'équilibre général que la France conserve au moins les limites que le Traité de Paris lui a assignées : ce que les Cabinets étrangers ont euxmêmes regardé comme convenable et nécessaire en 1814, ils ne peuvent pas le voir d'un autre œil en 1815. Quel prétexte pourrait aujourd'hui justifier, de la part des puissances, le démembrement du territoire

français? Tout est changé dans le système de l'Europe; tout au profit de l'Angleterre, de la Russie, de l'Autriche et de la Prusse; tout au détriment de la France. La nation française n'en est point jalouse; mais elle ne veut être ni assujettie, ni démembrée.

Deux objets principaux seront ainsi le but des efforts de MM. les plénipotentiaires le maintien de l'indépendance nationale, et la conservation de l'intégrité du territoire français.

Ces deux questions sont enchaînées l'une à l'autre entre elles; on ne saurait les diviser et admettre des modifications sur l'une des deux sans compromettre le salut de la patrie.

Que s'il en était ainsi fait par les puissances étrangères, des propositions qui pussent se concilier avec nos plus chers intérêts, et qui nous fussent offertes comme dernier moyen de salut, MM. les plénipotentiaires, en s'abstenant d'émettre une opinion prématurée, s'empresseront d'en rendre compte, et de demander les ordres du gouvernement.

Quelles que soient les dispositions des Puissances étrangères, soit qu'elles reconnaissent les deux principes qui se sont indiqués à MM. les plénipotentiaires comme base de leur mission, soit que les négociations amènent d'autres explications de nature à entraîner quelques détails, il est très-important, dans l'une ou l'autre hypothèse, qu'un armistice soit généralement établi. Le premier soin de MM. les plénipotentiaires devra être, en conséquence, d'en faire la demande, et d'insister sur sa première conclusion.

Il est un devoir sacré que ne peut oublier la nation française, c'est de stipuler la sûreté, l'inviolabilité de l'empereur Napoléon hors de son territoire. C'est une dette d'honneur que la nation éprouve le besoin d'acquitter envers le prince qui depuis longtemps la couvrit de gloire, et qui, dans ses malheurs, renonce au trône pour qu'elle puisse être sauvée sans lui, puisqu'il paraît qu'elle ne peut plus l'être avec lui.

Le choix du lieu où devra se retirer l'Empereur pourra être un sujet de discussion. MM. les plénipotentiaires en appelleront à la générosité personnelle des souverains pour obtenir la fixation d'une résidence dont l'Empereur ait lieu d'être satisfait.

Indépendamment des considérations générales que MM. les plénipotentiaires auront à faire valoir envers les souverains alliés indistinctement, ils jugeront d'eux-mêmes la diversité des raisonnements, dont ils auront à faire usage séparément auprès des divers cabinets.

Les intérêts de l'Angleterre, de l'Autriche, de la Russie et de la Prusse n'étant pas les mêmes, c'est sous des points de vue différents qu'il conviendra de faire envisager à chacun de ces cabinets les avantages que peut leur présenter respectivement le nouvel ordre de choses qui vient de s'établir en France. Toutes les Puissances y trouveront la garantie de la conservation de ce qu'elles possèdent, soit en territoire,

soit en influence. Avec ces avantages généraux, quelques-unes doivent rencontrer encore des avantages particuliers.

L'Autriche pourrait bien ne pas voir avec plaisir le rétablissement sur le trône de France de la dynastie des Bourbons, tandis qu'une autre branche de la même maison remonte sur le trône de Naples.

A cette circonstance, qui tient à la politique de cabinet, il se peut que l'affection de famille vienne donner quelque appui; il se peut que la tendresse de l'empereur d'Autriche pour son petit-fils le porte à ne pas l'enlever aux grandes destinées qui lui sont offertes; il se peut que le Cabinet autrichien aperçoive dans ce lien de parenté un moyen de fortifier la cause de l'appui de la nation française, et qu'effrayé de l'agrandissement de la Russie et de la Prusse, dont l'alliance lui pèse sans doute, il saisisse l'occasion d'un rapprochement utile avec la France pour avoir en elle, au besoin, un puissant auxiliaire contre ces deux gouvernements.

D'autres raisons se présenteraient pour ramener vers nous le Cabinet de Pétersbourg. Les idées libérales que professe l'empereur de Russie autorisent auprès de son ministère et de ce prince même un langage que peu d'autres souverains seraient capables d'entendre. Il est permis de croire aussi que ce monarque ne porte personnellement qu'un bien faible intérêt à la maison des Bourbons, dont la conduite, en général, ne lui a pas été agréable. Il n'a pas beaucoup à se louer d'elle, lorsqu'il l'a vue professer une reconnaissance presque exclusive pour le princerégent d'Angleterre. D'ailleurs, le but de la Russie est atteint; tous ses vœux de puissance et d'amour-propre sont également satisfaits. Tranquille pour longtemps et vainqueur sans avoir combattu, l'empereur Alexandre peut rentrer avec orgueil dans ses États, et jouir d'un succès qui ne lui aura pas coûté un seul homme. La continuation de la guerre avec la France serait maintenant pour lui une guerre sans objet. Elle serait contre tous les calculs d'une bonne politique, contre les intérêts de ses peuples. MM. les plénipotentiaires tireront parti de ces circonstances et de beaucoup d'autres encore pour tâcher de neutraliser une Puissance aussi redoutable que la Russie.

Celle des Puissances de l'Europe dont la France espère le moins de ménagements, c'est la Cour de Berlin; mais cette Cour est celle dont les forces viennent de souffrir le plus violent échec; et pour peu que la Russie et l'Autriche se prêtent à entrer en négociations, la Prusse sera bien contrainte d'y accéder. On ne manquerait pas non plus, même avec cette Cour, des raisons d'un grand poids pour l'amener à des dispositions plus amicales, si elle voulait n'écouter que ses intérêts véritables et de tous les temps.

MM. les plénipotentiaires français trouveront auprès des souverains alliés les plénipotentiaires britanniques; ce sera peut-être avec ces plé

nipotentiaires que la négociation offrira le plus de difficulté. La question à l'égard des alliés n'est presque point une matière de discussion; avec cette Puissance, tous les raisonnements, tous les principes sont pour nous tout consiste à savoir si la volonté ne sera pas indépendante de tous les principes, de tous les raisonnements.

Les détails auxquels on vient de se livrer n'étaient pas nécessaires, sans doute, et MM. les plénipotentiaires auraient trouvé eux-mêmes tout ce qui leur est indiqué ici; mais ces indications peuvent n'être pas sans utilité, attendu que leur effet naturel sera de porter l'esprit de MM. les plénipotentiaires sur des considérations plus graves, et sur des motifs plus puissants dont ils sauront se servir à propos dans le grand interêt de l'importante et difficile mission dont ils sont chargés.

Les plénipotentiaires partis de Laon le 26 juin arrivèrent le 1er juillet au quartier général des souverains alliés à Haguenau. Les souverains ne jugèrent pas convenable de leur accorder d'audience, et nommèrent pour les entendre l'Autriche, le comte de Walmoden; la Russie, le comte Capo d'Istria; la Prusse, le général Khesbeck. L'ambassadeur lord Stewart, n'ayant point de pouvoir ad hoc, fut simplement invité à assister aux conférences.

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Lord Stewart ne manqua point, ainsi que les instructions données aux plénipotentiaires l'avaient prévu, de contester la légitimité de l'existence des chambres et de la Commission, et demanda aux députés français de quel droit la nation prétendait expulser son roi et choisir un autre souverain? Du droit, lui répondit M. de la Fayette, qu'eut la Grande-Bretagne de déposer Jacques et de couronner Guillaume. »

Les plénipotentiaires, avertis par cette question des dispositions des alliés, s'attachèrent moins à obtenir Napoléon II qu'à repousser Louis XVIII: ils déclarèrent, dit-on, que la France avait pour ce souverain et pour sa famille une aversion invincible, et qu'il n'était aucun prince qu'elle ne consentît à adopter plutôt que de rentrer sous leur domination. Ils insinuèrent enfin que la nation pourrait agréer le duc d'Orléans ou le roi de Saxe, s'il ne lui était point possible de conserver le trône au fils de Marie-Louise.

Les ministres étrangers, après quelques pourparlers insignifiants, terminèrent poliment la conférence; et le soir les plénipotentiaires français furent congédiés par la note ci-après :

Déclaration de l'Autriche, la Prusse et la Russie aux plénipotentiaires de la Commission du gouvernement provisoire de France.

Haguenau, 1er juillet.

D'après la stipulation du Traité d'alliance, qui porte qu'aucune des Parties contractantes ne pourra traiter de paix ou d'armistice que d'un commun accord, les trois Cours qui se trouvent réunies, l'Autriche, la Russie et la Prusse, déclarent ne pouvoir entrer présentement dans aucune négociation. Les cabinets se réuniront aussitôt qu'il sera possible. Les trois Puissances regardent comme condition essentielle de la paix et d'une véritable tranquillité, que Napoléon Bonaparte soit hors d'état de troubler dans l'avenir le repos de la France et de l'Europe; et d'après les événements survenus au mois de mars dernier, les Puissances doivent exiger que Napoléon Bonaparte soit remis à leur garde. Signé Walmoden, Capo d'Istria, Khesbech.

Note de MM. Cotta et Bertuch au nom de quatre-vingt-deux libraires d'Allemagne contre une réimpression frauduleuse et falsifiée de leur mémoire présenté au Congrès en novembre 1814. Vienne, le 27 juin 1815.

Schoell, Congrès de Vienne, tome III, page 68.

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Convention entre les Commissaires des Armées prussienne et anglaise et ceux de l'armée française pour la suspension des hostilités; signée à Saint-Cloud et ratifiée à Paris le 3 juillet 1815.

Ce jourd'hui 3 juillet 1815, les commissaires nommés par les commandants en chef les armées respectives, savoir :

M. le baron Bignon, chargé du portefeuille des affaires étrangères; M. le comte Guilleminot, chef de l'état-major de l'armée française; M. le comte de Bondy, préfet du département de la Seine, munis des

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