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rassurer les esprits à ce sujet, et vous travaillerez à obtenir des priè res pour mon auguste personne, de la part du peuple qui est un dépôt de Dieu entre mes mains.

« C'est afin de vous en informer qu'a paru le présent firman, conformément à mon hatti-schérif.Vous ferez donc connaître à qui de droit ma volonté souveraine, vous tranquilliserez les habitans et vous obtiendrez d'eux des prières pour moi. Ayez soin de vous y conformer, sans permettre que personne soit molesté, contrairement à mes intentions suprêmes.

« 6 mai 1833. >>

GRÈCE.

PROCLAMATION AUX GRECS.

« Othon, par la grâce de Dieu, roi de la Grèce, au peuple grec.

« Hellènes! Appelé par la confiance des augustes et magnanimes médiateurs au puissant appui, desquels vous êtes redevables d'être sortis glorieusement d'une guerre d'extermination qui s'est trop longtemps prolongée; appelé par votre choix libre, je monte sur le trône de la Grèce afin de remplir les obligations que j'ai contractées, en acceptant la couronne, tant envers vous qu'envers les grandes puis

sances.

«Par la lutte sanglante que vous avez soutenue, vous avez conquis, en sacrifiant vos biens les plus chers et les plus précieux, ce qui forme la base du bonheur et de la prospérité des nations : l'indépendance et une existence nationale. Par votre courage héroïque, vous vous êtes montrés dignes de vos illustres ancêtres, dont les noms fameux luiront sans pâlir sur les siècles futurs.

« Cependant, vous êtes encore privés des fruits de votre glorieuse lutte! Vos champs sont dévastés; votre industrie est profondément languissante, et votre commerce, naguère si florissant, dépérit; c'est

en vain que les sciences et les arts espèrent voir renaître le moment où il leur sera permis, sous l'égide de la paix, de rentrer dans les lieux qui furent autrefois leur berceau. L'anarchie a succédé à un gouvernement arbitraire, et elle agite sa verge sanglante au dessus de vos têtes. Ce que l'amour de la patrie sut arracher dans les plus nobles intentions est dispersé par la discorde et l'égoïsme! Faire cesser cette position, dans laquelle les forces de la nation sont de toutes parts énervées par la guerre civile; rallier tous les efforts vers un seul but, la prospérité, le bonheur et la gloire de la patrie commune, maintenant aussi la mienne; effacer entièrement, par les bienfaits de la paix et de l'ordre public, les traces nombreuses d'anciens et de nouveaux malheurs qui couvrent notre beau sol, si ricament favorisé de la nature; avoir égard aux sacrifices faits à la patrie, et aux services qui lui ont été rendus; placer vos propriétés et vos personnes sous la sauvegarde des lois et de la justice, et les protéger contre l'arbitraire et la licence; vous assurer les bienfaits de la véritable liberté, et consommer la régénération de la Grèce, en lui donnant des institutions approfondies, stables, et qui répondent à la situation du pays et aux vœux de la nation, voilà, Hellènes! le but aussi glorieux que difficile de la mission que j'entreprends, et les sentimens qui sont aussi ceux de mon royal père, le premier entre tous les monarques qui vous tendit une main secourable pendant votre lutte glorieuse pour reconquérir votre affranchissement, sentimens auxquels j'ai volontiers sacrifié le véritable bonheur dont je jouissais dans la patrie de ma maison.

« C'est plein de confiance que je m'adresse à vous, Heliènes! pour exiger, qu'unis désormais fraternellement, vos efforts mutuels soient, de concert avec les miens, consacrés au bien-être général, sans souffrir que ce que vous devez à votre courage, à votre persévérance dans le moment du danger, à votre amour

Ann. hist. pour 1833. Appendice.

çaises.

de la patrie et à votre espérance ORDRE DU JOUR aux troupes frandans la providence divine, soit détruit par les commotions et les convulsions de la discorde intérieure, et que votre nom, auquel tant de faits historiques assurent l'immortalité, soit terni par l'égarement d'indignes passions. Quelle que soit la grandeur de la tâche que nous impose ce noble but, nous serons abondamment récompensé si nous parvenons à l'achever.

« Au moment où je monte sur le trône de la Grèce, je vous donne l'assurance solennelle que je protégerai votre religion, que je maintiendrai fidèlement les lois, que j'exercerai la justice envers tous, et qu'avec l'assistance divine je défendrai votre indépendance, vos libertés et vos droits contre qui voudrait y porter atteinte. Mon premier soin sera de rétablir et de consolider la tranquillité et l'ordre public, afin que chacun puisse jouir sans crainte et sans entraves d'une égale sécurité. Les égaremens politiques du passé sont livrés à l'oubli; mais j'attends aussi avec confiance de vous, Hellènes, que les lois et les autorités chargées de les éxécuter seront convenablement respectées, et que chacun rentre a paisiblement dans ses foyers. J'ai l'espoir fondé que l'on m'épargnera la douloureuse nécessité d'employer contre les perturbateurs du repos public, ou con. tré des rebelles, la sévérité des lois pénales.

<< Puisse la providence céleste bé nir nos efforts réunis et rendre un nouveau lustre à ce beau pays, dont le sol recouvre les cendres de tant de héros et de tant de grands citoyens; qui, dans l'antiquité, a rempli une des plus belles pages de 'histoire du monde, et dont les derniers antécédens ont prouvé à nos contemporains que le courage et les sentimens sublimes de ses immortels ancêtres ne sont pas éteints.

« Donné à Nauplie, le 25 janvier (6 février). Au nom du roi : La régence, « Comte D'ARMANSPERG, V. MAUrer, v. HeideCK. »

« Le général Guéhéneuc ne peut mieux terminer sa mission en Grèce qu'en faisant connaître à ses frères d'armes les adieux qu'il avait adressés en leur nom au roi Othon et à la régence, et la réponse qu'il a plu à S. M. d'envoyer par M. le lieutenant-colonel baron Pfeil de Scharffenstein, commandant d'un régiment de lanciers grecs. Les troupes françaises verront dans la lettre royale que les services qu'elles ont rendus à la Grèce sont dignement appréciés, et obtiennent une juste reconnaissance. Enfin on peut affirmer (car de nombreux faits le prouvent) que les sentimens de la plus bienveillante sympathie règnent entre les nations grecque, bavaroise et française.

« A bord du vaisseau le Suffren, rade de Navarin, le 13 août 1833. »

A S. M. le roi de la Grèce.

« Sire,

Prêt à quitter le sol de la Grèce, j'éprouve un vif regret d'être privé de l'honneur d'offrir à V. M., comme c'était mon devoir, les hommages et les vœux des troupes dont le roi des Français m'a confié le commande

ment.

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Obligé, d'après les ordres ministériels, de présider aux détails de l'embarquement et à la remise des forteresses de la Messénie, je ne saurais choisir un plus digne interprète de nos sentimens que mon honorable collègue M. le général Corbet; il vous dira, Sire, que, de retour dans leur patrie, les Français tou neront souvent leurs regards vers ce royaume naissant, vers celte Grèce toujours héroïque, dont l'indépendance, si glorieusement conquise, est consolidée par l'élévation au trône d'un prince qui a déjà su gagner tous les cœurs. Long-temps témoins des maux et des agitations de ce pays, nous le voyons maintenant dans une tranquillité profonde. Cet heureux

effet de votre présence, Sire, donne à tous les Grecs la confiance que l'avenir le plus prospère leur est réservé; cet avenir, ils le trouveront sous le règne de Votre Majesté par le développement des sages institutions que la régence prépare, dans l'intérêt identique du trône et des libertés publiques. Je m'estime heureux d'avoir à dire au roi LouisPhilippe, toujours si bienveillant pour la Grèce, les espérances de prospérité qu'il est permis de former pour le pays, sous le gouvernement d'un prince dont l'arrivée seule (je me plais à le répéter) a suffi pour rétablir partout la sécurité publique. Rentrés dans nos foyers et redevenus simples philhellènes mes frères d'armes et moi nous ne serons jamais étrangers aux destinées de ces belles contrées, et nous formerons toujours des vœux pour leur prospérité. Nous en formerons d'autres non moins sincères pour la gloire de votre règne, Sire, ainsi que pour le bonheur personnel de Votre Majesté, qui doit être la conséquence de ses hautes et belles qualités.

,

« Je suis avec un profond respect, Sire, de Votre Majesté, le très-humble et très-obéissant serviteur.

Le maréchal-de-camp commandant en chef les troupes françaises en Mo

rée,

» L. GUÉHÉNEUC. «< » Navarin, 1er août 1833. «

>> Monsieur le général,

» J'ai l'honneur de vous adresser, au nom du roi, les remercîmens de S. M. pour les sentimens que vous Jui avez exprimés dans votre lettre du 1er de ce mois, et au témoignage desquels elle a été infiniment sensible. De même, j'ai à vous remercier, mon général, tant au nom du roi qu'en celui de la régence, pour la mission dont vous avez chargé le général Corbet.

« S. M. envoie à Modon M. le lieutenant-colonel baron de Pfeil-Scharffenstein, commandant de son régiment de lanciers, pour vous renou

veler ses remercimens de vive voix, et vous dire combien est grande l'estime qu'elle et la régence vous portent, et combien elle vous est obligée de l'excellente discipline que vous avez tenue ainsi que de l'empressement avec lequel vous avez, dans toutes les circonstances, concouru aux mesures qui avaient pour but le bien général de la Grèce, et avec lequel vous avez appuyé les vues paternelles du roi. M. le baron de Pfeil vons dira encore combien S. M. reconnaît avec la régence les grands avantages qui sont résultés pour la Grèce de la présence des troupes de l'alliance, et de la manière distinguée avec laquelle vous avez, M. le général, rempli avec vos troupes le noble but de votre mission.

en

» Sa Majesté m'a en outre chargé de saisir cette occasion pour exprimer la vive reconnaissance qui l'anime pour la sollicitude et l'amitié constamment manifestées à la Grèce par le gouvernement français, ainsi que pour les sentimens bienveillans dont le roi Louis-Philippe lui a véritable ami des Grecs, donné des preuves aussi nombreuses qu'éclatantes. Sa Majesté s'abandonne à l'agréable espoir que cet auguste monarque continuera à prendre le même intérêt au sort de ce pays, et lui conservera à elle-même son amitié.

"

Veuillez, mon général, en quittant la Morée, recevoir pour vous et yos compagnons d'armes les vœux que je suis empressé de vous offrir de la part des membres de la régence, tant pour votre heureux retour en votre patrie que pour votre constant bonheur, et pour la gloire et la prospérité de la France.

« Si le souvenir que nous vous garderons peut nous assurer une place dans le vôtre, nous nous en féliciterons vivement.

« C'est dans ces sentimens que j'ai l'honneur de vous réitérer les assu- rances de la haute considération avec laquelle je suis, monsieur le général, votre très-humble et très-obéissant serviteur, « ARMANSPERG., «< Nauplic, le 8 août 1833.»

SUISSE.

CIRCULAIRE adressée par le vorort à • tous les agens de la Confédération suisse dans les cours étrangères.

«Zurich, 18 septembre.

« Les affaires politiques de la Suisse se trouvant diversement présentées sous un faux jour à l'étranger par l'appréciation inexacte qu'on en fait ainsi que par les relations défigurées de rapporteurs passionnés, le directoire fédéral se voit dans le cas de vous faire parvenir l'exposé succinct suivant de ces affaires, en vous chargeant de rectifier, par son moyen, là où il serait nécesaire, des jugemens erronés et partiaux et d'éclairer l'opinion publique sur le vrai état de choses.

« Les événemens de la dernière année avaient amené dans différentes parties de la Suisse des situations qui nécessitaient une prompte régularisation dans l'intérêt général de la Confédération; situations qui n'étaient nullement en harmonie avec nos intentions et les efforts de l'autorité fédérale, et qui, comme faits accomplis, ne pouvaient ni être négligées, ni bien moins encore être reniées; mais qui, vu la nature des circonstances, exigeaient plutôt d'être reconnues, pour prévenir une plus grande confusion. C'est ainsi que parmi les citoyens des cantons de Schwytz et de Bâle, il s'était opéré une séparation de fait sous une administration distincte, séparation que la Diète pouvait d'autant moins annuler par le rétablissement des relations précédentes que d'un côté, dans le canton de Schwytz, la prétendue Constitution, autrefois garantie, n'avaient été émanée d'aucune autorité compétente, et que de l'autre, dans le canton de Bâle, la Constitution garantie par la Confédération avait été, dans des poin's très-esentiels, formellement annulée par les autorités constitutionnelles, lorsque celles-ci retirèrent l'administration

à la plus grande partie de leurs

commettans.

« Il en résulta que la diète, si elle ne voulait pas opérer dans ces cantons, par l'emploi de la force des armes, une reconstitution bien plus préférable, à tous égards, qu'une séparation, dut, en reconnaissant les relations de fait existantes, leur accorder une existence intérieure indispensable à la conservation de la tranquillité et de l'ordre publics.

« Mais, si la grande majorité des cantons, par la reconnaissance du mal existant de la séparation de fait de deux cantons en deux communautés séparées, mal que so 1 influence morale n'avait pu empêcher, crut prendre une mesure propre à prévenir le mal bien plus grand de l'anarchie, qui serait résulté d'une plus longue prolongation du non arrangement de ces affaires, une minorité des cantons en revanche, formée surtout des parties des deux cantons séparés de Schwytz et de Bâle, mécontentes de la diète, profita de la reconnaissance de la séparation comme d'un moyen pour donner une plus grande importance aux troubles de la Suisse, et pour organiser formellement, d'une manière nullement équivoque, la résistance contre l'autorité fédérale suprême.

«En effet, les députés de quelques cantons ont non seulement persisté à rester en dehors de la diète, qui, conformément au pacte fédéral, se compose des députés des vingt-deux états confédérés, et qui doit soigner les affaires de la Confédération; mais, bien plus encore, ils se sont formés en assemblée séparée, connue sous le nom de Conférence de Sarnen, et ils ont refusé de reconnaître la diète formellement constituée. Ils renonçaient par là d'avance à toute manifestation légale de leurs intentions, divergentes de celles de la majorité, vu qu'une telle manifestation ne peut et ne doit avoir lieu que dans le sein de la diète.

« L'existence de la Confédération

suisse courait particulièrement des dangers par la fondation de cette association séparatiste, en ce que le but déclaré de cette association était la résistance aux arrêtés de la diète formellement en vigueur, le renversement complet de ces arrêtés, conduite propre plus que toute autre à donner, soit dans le coeur de la Suisse, soit sur quelques points trèsimportans des frontières, un point d'appui solide à une réaction éventuelle contre l'ordre de choses existant, que cette réaction partit de l'intérieur de la Confédération ou de l'étranger.

« Pénétrées de l'étendue et des conséquences d'une situation si dangereuse, les autorités fédérales ont fait leur possible pour obtenir que les membres séparés de la Confédération s'entendissent à l'amiable, et déjà elles espéraient toucher au but. En effet, il devait y avoir, le 5 août, à Zurich, la réunion d'une conférence composée des députés de tous les cantons, lorsque, le 31 juillet dernier, la paix du pays fut rompue, d'une manière sans exemple, à Kussnacht, dans le canton de Schwytz.

« Cette paix du pays, c'est-à-dire la cessation de voies de fait de toute espèce, par le moyen desquelles l'état de fait serait troublé arbitrai rement d'une manière quelconque par l'une ou l'autre des parties, avait été, depuis deux ans, ordonnée à maintes reprises par des décisions de la diète, auxquelles avaient pris une part expresse les députés de tous les cantons, même ceux des cantons devenus membres de ce qu'on appelle la conférence de Sarnen. La violation de cette paix de la part des cantons dissidens, dirigée surtout contre les parties des états séparés de Schwytz et de Bâle qui, à l'opposé des autres parties, avaient reconnu l'autorité de la diète, devait amener pour la Suisse entière un état de guerre d'autant plus dangereux, que la première rupture de la paix du pays était partie du lieu même où avaient siégé les députés des cantons dissidens

qui se trouvaient en opposition patente avec les autorités fédérales légitimes, et que les protestations faites dans le moment même, au nom de la Confédération, contre une telle action, avaient été méprisées avec une impudence sans exemple.

« La diète, que le pacte fédéral oblige expressément à prendre toutes les mesures nécessaires à la sûreté intérieure et extérieure de la Confédération, est intervenue énergiquement au milieu d'événemens si inouïs Elevée au dessus des partis, ses efforts ont eu exclusivement pour but de donner au pays et à l'étranger toute garantie possible qu'elle visait à tout prix au rétablissement de la tranquillité et de la paix dans toute l'étendue du territoire suisse et au maintien de l'exercice entier des pouvoirs fédéraux légitimes, même en courant le danger d'être méconnue et calomniée par des hommes à courte vue ou passionnés. En conséquence, elle a, le 1er août, appelé sous les armes un nombre considérable de milices, puis, avant tout, ordonné l'occupation militaire du district de Kussnacht par la première division de l'armée fédérale, district dans lequel les troupes du canton de Schwytz, pays intérieur, avaient pénétré sous la conduite du colonel Ab-Yberg. Pareillement, à la suite des événemens sanglans survenus dans le canton de Bâle, on décréta le 4 août le rétablissement de la paix du pays, qui avait été rompue, et dans ce but on dirigea sur ce canton une seconde division de troupes fédérales, qui reçut le 5 août l'ordre précis d'occuper le canton de Bâle tout entier, la ville comme la campagne.

« L'occupation militaire de tout le canton de Schwytz fut décidée le 6 août, et le 12, on déclara formellement qu'on ne pouvait souffrir plus long-temps l'association séparatiste, existant sous le nom de Conférence de Sarnen, des trois cantons et deux demi-cantons qui étaient en opposition manifeste avec

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